lundi 28 mai 2012

Tirer le meilleur

J'entretiens un rapport d'amour-haine à notre remorque de vélo. 

Quand nous l'avons reçu en cadeau, j'ai frôlé l'hystérie : Jean-Léon avait alors six mois et je ne voyais pas où nous allions rangé le mastodonte (voir ici le modèle), compte tenu que nous n'avions pas de garage. Pendant que je respirais dans un sac de papier brun, Jean-Fred, lui, rêvait en souriant de conquérir les routes vertes du monde entier sur son vélo, tirant la remorque qui abriterait son fils adoré. Puis, j'ai appris à vivre avec l'engin, plié dans le bureau, entre ma chaise et la bibliothèque.

Quand Jean-Léon a eu un an, Jean-Fred a pris la piste cyclable pour la première fois avec lui, bien attaché dans l'habitacle de la remorque. J'ai pensé faire une crise cardiaque. Était-ce vraiment stable ? sécuritaire ? Et mon fils, n'allait-il pas avoir trop chaud ? peur ? mourir de faim ou froid ? Et n'était-ce pas trop bas ? trop lourd ? Et si Jean-Fred avait une crevaison sur son vélo, à l'autre bout de la piste cyclable? Je me suis bien inquiétée, mais à chaque fois, Jean-Fred m'a rassurée : il avait son Iphone. Et il est parti quand même, en souriant et en tirant avec toute sa force la remorque contenant son fils, qui souriait lui aussi. 

Quand j'ai moi-même eu un vélo, j'ai trouvé qu'il était bien agréable de faire des randonnées en famille, tous les trois. Et je me suis mise à aimer un peu plus l'engin, d'autant plus que je n'avais pas à le tirer moi-même.

Quand je suis devenue enceinte d'Aurèle, j'ai (presque) tout de suite penser à la remorque de vélo. La remorque, qui était double, allait nous permettre de transporter nos deux bambins. Pratique, que je me suis dis! Mais pourquoi ne pas faire d'une (grosse) pierre deux coups et l'équiper de manière à transformer la remorque en poussette double ? Comme nous en étions déjà à préparer notre déménagement outre-mer, nous avons donc acheté les accessoires pour en faire une poussette double, de même que le sac de transport. Et hop! la remorque / poussette nous a quitté pour une longue traversée sur notre désormais célèbre cargo...

Une fois à Oxford, Jean-Fred s'est empressé de magasiner un vélo. Et mes maux de tête sont revenus. Devait-il opter pour un vélo de course ou quelque chose de plus solide, de plus lourd, pour pouvoir tirer, dans les côtes et jusqu'au sommet, la remorque contenant deux enfants ? Où allait-on ranger la chose, le hangar à vélo de notre immeuble étant aménager pour recevoir des dizaines de vélos bien cordés les uns à côté des autres et la remorque étant trop large pour passer dans la porte de notre appartement, une fois assemblée. Bref, j'en ai presque passé des nuits blanches...Finalement, une fois tous les dilemmes de vélo et de rangement résolus, je me suis rendue compte que mon bébé était trop petit pour aller dans la remorque sans accessoire de type hamac que je n'avais pas et que, de toute façon, dans son format poussette, la remorque n'entrait ni dans l'autobus ni dans la plupart des magasins. Nous n'étions pas au bout de nos peines. La remorque est donc devenue un de nos meilleurs sujets de blague. LA chose que nous avions payé pour faire transporter...pour rien.

Puis, contre toute attente, 3 ans après son arrivée dans nos vies, celle que j'aimais désormais détester a soudainement pris tout son sens. Elle a accompli sa destinée et a permis à l'ensemble de ses possibles de se réaliser.




1 commentaire:

  1. Le sourire coquind'Aurèle ferait pédaler n'importe quel incrédule du mastodonte a roues !

    .f,

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