mardi 21 février 2012

Faculté de musique

* Ce billet est dédié à mon ancien étudiant David, grand amoureux de musique et de ses instruments, lui-même musicien, faiseur de vent et amateur de marées.

Premier mouvement - Le musée
Le bâtiment que vous voyez ici abrite la collection d'instruments de musique Bate, appartenant à la Faculté de musique de l'université d'Oxford. Régulièrement, la Bate Collection ouvre les portes pour accueillir les enfants, dans une de ces journées familiales qui sont si populaires ici. Je m'y suis rendue samedi dernier, avec mon grand de 3 ans et mon bébé. 
En passant la petite porte de côté - on dirait l'entrée des étudiants ou des domestiques - on est tout de suite propulsé au coeur de la collection qui contient principalement des instruments anciens mais aussi quelques instruments exotiques. Des dizaines de flûtes, clarinettes, cuivres divers ornent les murs du musée qui consiste en deux étages de tapis rose bien délavé et usé, poussiéreux à souhait. On y trouve aussi de nombreux clavecins, des guitares, violons, violes de gambe et compagnie, des tambours militaires et autres, des ondes Martenot, accordéon, trompettes de toutes sortes.  

L'entrée est gratuite, bien entendu, et on vend quelques babioles plus ou moins musicales pour arrondir les fins de mois des étudiants qui supervisent la visite, j'imagine.

Deuxième mouvement - La visite
Le principe de la visite est simple : on déambule avec un audio-guide sur lequel on entre le numéro de différents instruments qui sont exposés dans le musée. On y entend alors le son de chacun des instruments. 

Or, l'avantage d'une journée "portes ouvertes aux enfants", c'est l'accessibilité de nombreux instruments. Sur une table étaient déposés un accordéon, un genre de oud, et même des cuillères de métal - beaucoup moins belles d'ailleurs que celles en bois que possède Jean-Léon (cadeau de grand-papa François pour notre petit folkloriste en herbe). 

Les enfants pouvaient tout essayer, les parents aussi évidemment, même les tambours et les xylophones qu'on trouvait dans la pièce. Vous pouvez souffler dans toutes les embouchures que vous voulez, sans qu'elles soient aseptisées au Purell. On est bien là en Europe! Une chose pareille serait impensable dans notre Amérique du Nord germophobe, il me semble. Au milieu de la pièce, une autre table aménagée celle-là pour colorier des bustes de Bach reproduits sur des feuille, pour répondre à un petit quizz ou faire une chasse aux instruments de musique avec les plus grands. On a définitivement pensé à tout!

"Le plus gros tuba" de la collection.
Papa avait demandé d'en rapporter la photo. 
Troisième mouvement - L'apprenti musicien
Jean-Léon a donc tambouriné à souhait et produit tout plein de sons dans les trompettes et flûtes mises à sa disposition. La jeune femme qui lui présentait les instruments était d'ailleurs bien impressionnée qu'il puisse, presque du premier coup, produire des sons dans une longue trompette. Il y a du grand-poupou là-dessous...!




Il a pianoté sur un clavecin pendant que je m'amusais aux ondes Martenot et qu'Aurèle, dans le porte-bébé, se faisait l'oreille à tous ces sons, les yeux grands ouverts. Tout le monde s'est amusé pendant une heure, le temps de notre visite.


***
Ce qui me fait penser et vous demander : On a toujours dit, à la blague, que Jean-Léon commencerait le violon à 3 ans. Mais rassurez-vous, ce n'est pas le cas, il est trop occupé à apprendre l'anglais en ce moment. Mais quand et sur quelles bases décide-t-on de faire apprendre la musique à son enfant ? N'étant pas musiciens nous-mêmes (à notre grand regret), Jean-Fred et moi aimerions bien donner la musique en cadeau à nos enfants. Pas pour en faire des virtuoses, juste pour que la musique fasse partie de leur vie. Par quoi on commence ? À quoi reconnaît-on la faculté musicale chez notre enfant ? Des parents musiciens ou des parents de musiciens dans la salle auraient des idées là-dessus ? Ça m'intéresse de savoir ce que vous pensez...

14 commentaires:

  1. Quelle chance il a ce gamin ! Je donnerais cher pour voir tout ça. Il n'y a pas d'âge, chère Elsa, pour initier un enfant à la musique. C'est sur la tolérance des parents qu'il faut se questionner. Mais si un enfant aime vraiment jouer d'un instrument, il pratiquera sans se faire prier. Je ne suis pas musicienne et mes conseils n'ont pas grand poids, mais si j'avais commencé le piano plus tôt qu'à 13 ans, je serais peut être concertiste aujourd'hui ! Deux points essentiels: la méthode d'enseignement utilisée et le professeur. Un peu comme à l'école...

    Bisous,

    F.

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  2. Salut Elsa,
    Je t'apporte mon expérience de musicienne d'enfant : mes parents voulaient que je joue de l'accordéon (ma soeur jouait déjà du piano, mon frère, du solfège, alors la dernière, on va la mettre à l'accordéon !). La première année (je devais avoir 6 ans) fut plutôt fastidieuse, et je n'avais aucun goût pour cet instrument, mais j'ai qd même appris le solfège, condition essentiel pour pouvoir bien maîtriser un instrument. J'ai donc arrêté. Puis qqes années plus tard, vers l'âge de 9-10 ans, j'ai eu le goût de reprendre, la motivation venait de moi, essentiellement. J'en ai joué pendant 10 ans, et bien que je n'en joue plus, cela m'a apporté plein de choses.
    Tu comprendras donc que la motivation première vient de l'enfant, puis je pense aussi que celui-ci doit être assez grand pour être persévérant, et ne pas vouloir abandonner à la moindre difficulté. Mais encore une fois, tout ceci est un bon dosage entre la motivation de l'enfant et l'intérêt des parents !
    Bonne réflexion !!!

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  3. Marianne a raison sur le dosage de la motivation entre parents et l'enfant.
    Un plus petit enfant apprendra mieux dans le jeu, c'est bien connu. Et sans doute que toucher différents instruments aidera à trouver celui qui lui convient. En écrivant ce qui me passe pas la tête, je pense Aux Petits Violons de Cousineau, méthode développée pour faire apprendre et aimer le violon aux enfants. Ils jouent en groupe de véritable pièce, ce qui est très motivant. En jouant en spectacle avec d'autres, on enlève beaucoup de pression sur les petites épaules.
    Bonne journée,
    F.

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  4. Merci pour vos témoignages, c'est super intéressant! Les petits violons, on habitait tout à côté dans le Mile End et on pensait à Jean-Léon quand on passait devant. C'est vrai que de jouer en groupe, ce doit être plus motivant.

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  5. Bonjour Elsa!

    Quelles belles découvertes pour Jean-Léon! Aurèle est adorable!

    Ma mère est professeur de musique et musicienne. À la maison, la musique, c'était un passage obligé, mais oh combien apprécié, la plupart du temps! Ma soeur au violon, moi au piano! Nous avons fini par s'accompagner aux concerts présentés par l'école de musique.

    Chez nous, pour pratiquer, ça allait relativement bien. Le plus difficile était, entre 6 et 11 ans, quand les amis viennent sonner à la porte pour qu'on aille jouer alors que c'était le moment de la pratique... et quand ma mère sortait le métronome et nous battait la mesure parce que nous n'avions pas le bon rythme...! Ça ôtait un peu de plaisir à la chose, de là l'importance pour le parent de savoir doser en fonction de la motivation de notre enfant (veut-il lui même devenir concertiste ou bien le fait-il pour le plaisir!).

    Par ailleurs, la musique, c'est mathématique. Ça apporte beaucoup sur le plan académique, sans qu'on s'en aperçoive vraiment. Et à l'école, pour certains enfants, c'est la matière dans laquelle ils se sentiront valorisés, celle où ils performeront bien.

    Ma soeur et moi n'avons «pas eu le choix» en ce qui concerne la musique. J'ai commencé à 6 ou 7 ans (ma mère avait commencé à me montrer quelques petites choses à la maison, mais apprendre avec sa mère, c'est plus compliqué et on prend ça moins au sérieux!) et vers 10 ans, je voulais arrêter (mais le petit garçon de mon professeur passait son temps à m'arracher les cheveux pendant que je jouais! de là l'importance du lieu et du professeur peut-être!) et ma mère m'a demandé de terminer l'année, puis l'année suivante, j'ai débuté les cours auprès d'une école (et sans enfants arracheurs de cheveux!) et j'ai continué les cours jusqu'à 17 ans.

    J'aurais tendance à dire qu'il faut donner le goût tôt aux enfants, vers 3 ou 4 ans, par le jeu, avec plusieurs instruments, ou encore les initier à un instrument en particulier (ils apprendront ainsi les notes, les tempo, etc.) avec le début de l'école, mais leur laisser la porte ouverte à changer d'instrument si celui-ci n'est pas leur tasse de thé (pour rester anglais! ;)) Après tout, je n'aurais pas détesté le violoncelle, moi! Je crois que plus on commence tôt, avec l'école primaire, plus ça nous apporte sur le plan cognitif et plus on est responsable et motivé, combinant leçons scolaires et leçons de musique.

    J'espère que tout le monde finira par se rétablir complètement! Les virus et bactéries sont omniprésents et particulièrement virulents cette année!

    Emilie B.

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    1. P.S.: Mon dieu! Dans le petit carré, ça ne m'apparaissait pas si long!

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  6. Je peux donner mon avis de "musicienne" et de maman d'apprentie musicienne.
    Pour le premier: j'ai débuté le violon en 3e année jusqu'à l'Université. Premier élément essentiel: la volonté du joueur. Je voulais tellement en jouer, que ce désir non assouvi et cette volonté m'ont motivée pour au moins les 2 premières années. Par contre, je dois avouer que je ne garde pas que de beaux souvenirs de ces 10 années de violon. J'ai de la difficulté à concrètement dire ce que le violon m'a apporté et j'avais cette réflexion en tant que maman d'apprentie justment. Ce que je retire de positif après ces années: le plaisir de jouer en groupe (dans le style petits violons mais beaucoup moins sévère), les amis différents de ceux de l'école, la fierté de jouer des belles pièces, l'admiration et les liens que j'avais pour mon professeur, le bonheur de lire la musique et la particularité que j'avais: jouer du violon ne courait pas les rues. Par contre, le métronome, les pratiques obligées, les pièces ratées en concert, la rigidité parfois du style classique, les mononcles qui nous demandent une pièce quand il n'y en a pas de prête, ce sont des moins bons souvenirs.
    En tant que maman, je considère ça important car Simone désirait apprendre le piano, elle apprend à lire la musique, la persévérance (pas évident pour elle et moi), elle aime son professeur qu'elle ne veut pas décevoir et je vois qu'elle est fière quand elle réussit une pièce. Par contre, les pratiques obligées reviennent me hanter ainsi qu'un peu la rigidité du style classique. Dans les périodes où elle est fatiguée, c'est plus difficile. C'est à voir si elle persévèrera!
    Dernier point, je sais que quelques amis des filles ont commencé la musique en 1ere année et ont abandonné car c'était beaucoup en même temps. Les profs de musique me disent que c'est mieux un peu plus vieux que trop jeune, mais de l'apprentissage de la musique par le jeu pourrait alors être plus attirant!
    Jean-Léon est déjà bien parti côté chant, entre autres!
    Bonne journée, Marie-Noël

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  7. Éllo éllo,
    juste un petit mot pour dire que je garde de très beaux souvenirs de mes cours 'Kodaly Orff' (c'est le nom de la méthode d'enseignement) auxquels j'assistais entre l'age de 3-5 ans. On y chantait, battait le rhythme, et apprenais à jouer des instruments simples (triangle, xylophone, tambourin et cie). Les principes musicaux de base que j'y ai appris m'ont bien servie pour apprendre par la suite pour le violon.
    Et même si je ne joue plus, les principes restent: l'année dernière j'ai pris un cours de djembé pour débutants et on m'a mis dans le cours avancé après une session, parce mon sens rhythmique n'était pas celui d'un débutant... grace au Kodaly Orff, j'en suis sûre!

    *ad

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    1. Oui, cette méthode m'a toujours paru intéressante. Contente de lire ton expérience, *ad. Et bienvenue sur notre blog!

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  8. Je trouve que les témoignages d'Émilie et Marie-Noël sont très complémentaires...et très éclairants. Ça fait pas mal le tour de la question et sous tous les angles (motivation, enrichissement, aspects positifs et négatifs). Vraiment, un grand merci d'avoir pris le temps pour ces commentaires.

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  9. Elsa, je vois que tu as un sujet chaud ! C'est vrai la musique, c'est mathématique, mais c'est aussi l'équivalent de ce que ressent un écrivain lorsqu'il couche ses pensées sur le papier. C'est du grand art, et de la joie et du bonheur !
    F.

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  10. Chère Elsa,

    je veux moi aussi mettre la main à la pâte pour ta réflexion!
    J'ai appris le violon sur le tard (à partir de 10 ans) et j'ai aussi enseigné le violon. J'ai déjà eu un petit élève de 4 ans qui se débrouillait très bien, car sa mère et son père étaient musiciens. Sa petite soeur de 2 ans et demi assistait aux leçons et elle a à tout prix voulu prendre des cours. Je lui offrais donc un 10-15 minutes à chaque fois. J'ai aussi eu un petit virtuose de 4 ans qui s'intéressait de lui^-même au violon. Ses parents n'y connaissaient rien! J'ai adoré ses petits élèves, très curieux, très motivés. Je pense que c'était plus facile pour les parents d'instaurer une pratique régulière d'une dizaine de minutes à la maison à cet âge-là. Chez mes plus vieux, la pratique était plus difficile (ça a même toujours été difficile pour moi...). Les cours de violon consistaient en la présentation de l'instrument, le développement de l'oreille (deviner les notes des quatre cordes), le pizzicato (gratter avec les doigts), la lecture de notes simples, etc. Tout est très progressif. L'avantage avec les cours individuels, c'Est que les enfants avancent à leur rythme. Personnellement, je ne suis pas favorable aux cours de groupe, car ça ne respecte pas le rythme de chacun et ceux qui sont plus stressés ou moins avancés ont tendance à se cacher en se fondant dans la masse et leurs faiblesses ne seront pas bien travaillées.
    Quant à Clovis, il a suivi des cours de piano l'an dernier (une dizaine de minutes avant mon cours de violon) et quand il me voyait faire mon cours de violon, il faisait de terribles crises, car il voulait apprendre lui aussi le violon. On lui avait alors promis de commencer des cours à 3 ans. Il faudrait qu'on tienne notre promesse!!!

    Bisous à vous tous

    Myriam

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    1. Contente que tu aies partagé ta vision, Myriam. J'ai beaucoup pensé à toi en écrivant ce billet. À toi et à tes apprentis musiciens. Merci!

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  11. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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